Accompagner les autres, une histoire de posture. Lumière sur le coaching.
Je me rends compte que je suis régulièrement approchée et questionnée au sujet de la posture d’accompagnant et bien sûr celle de coach. Il y a les personnes qui veulent simplement comprendre ce qu’est le coaching et en quoi il se différencie des autres manières d’accompagner, celles qui elles-mêmes font une activité dans laquelle elles sont amenées à accompagner d’autres personnes et qui ne sont pas à l’aise avec leur façon de travailler, et puis il y a ceux qui sont attirés par le métier de coach ou qui sont en train de faire une formation au coaching et qui se posent des questions au sujet de ce qu’ils y vivent.
Ces personnes ont en commun de se questionner sur la manière d’accompagner les autres et c’est très positif. Elles veulent trouver un moyen de se positionner qui permet aux autres d’avancer tout en restant fidèles à qui elles sont.
En effet trouver la bonne posture pour soi et pour les autres est quelque chose de très important pour faire un travail efficace et respectueux, de même qu’utiliser la posture qui correspond à ce que l’on souhaite être.
Je suis particulièrement sensible à ces questions.
Aujourd’hui le coaching interpelle, c’est un mot qui laisse rarement indifférent, qui véhicule des représentations tout autant positives que négatives et surtout très différentes.
Avez-vous vous aussi l’impression de ne pas bien comprendre ce qu’est le coaching et comment s’y retrouver ? En quoi se différencie-t-il des autres métiers de l’accompagnement ?
Je vais vous apporter quelques éclairages issus de ma pratique, selon ma propre vision, sur un sujet bien plus vaste et complexe.
Le mot coaching fait aujourd’hui partie de notre vocabulaire de tous les jours. Il est d’ailleurs utilisé à toutes les sauces. Il est en fait tellement galvaudé que la plupart des gens l’utilisent sans savoir vraiment de quoi il s’agit.
Je ne sais pas vous, mais j’entends souvent dire : « j’ai été bien coaché ! », cela veut dire en fait: « j’ai été bien soutenu ! ». Jusqu’ici très bien. Mais si on creuse un peu plus, on se rend compte que cela implique souvent un « j’ai reçu de bons conseils par rapport à telle situation ». Un autre exemple, entendu autour de moi : « j’ai bien coaché mon fils hier ! », qui signifie ici: « je lui ai dit ce qu’il avait à faire et il a intérêt de le faire ! »
Dans les deux cas, on est en fait à l’opposé des enjeux d’un coaching, conduit dans un cadre professionnel.
En effet, en coaching professionnel, il s’agit avant tout d’écouter, de faire de la place à l’autre, de proposer à une personne ou un groupe un espace de réflexion et de construction de leurs propres solutions, dans un cadre bien délimité, avec des objectifs bien définis et mesurables, vers lesquels la personne s’achemine, en y étant guidée. Le coach adopte ce qu’on appelle une position basse, il part du principe que son client sait bien mieux que quiconque ce qui est bon pour lui, à l’inverse de la position haute prise lorsqu’on donne des conseils à l’autre. Son attitude se veut responsabilisante.
Cela peut être vraiment frustrant quand ce qu’on aime c’est apporter des solutions aux autres et donner des conseils d’expert, une posture qui a par ailleurs tout à fait sa place dans le métier de consultant ou autre type d’accompagnement.
– « Je vous contacte pour discuter avec vous de votre métier, car je voudrais devenir coach, me dit au téléphone une femme en poste dans une grande structure. D’ailleurs je coache déjà au quotidien ».
– « D’accord, vous semblez connaître, c’est quoi alors pour vous le coaching ? ». En fait, elle ne savait pas exactement et utilisait ce mot pour simplement dire qu’elle accompagnait des personnes qui avaient des questions et que cela donnait des résultats pour elles. Bon début, mais ça ne suffit pas pour être coach ! En creusant, elle a exprimé qu’elle voulait en fait surtout faire profiter les gens de sa grande expertise en entreprise, donc finalement plutôt devenir consultante. Il vaut mieux le savoir avant de se lancer dans une formation impliquante et coûteuse !
De la même manière, certaines personnes aiment au fond surtout expliquer et transmettre un savoir, une technique. Elles seront plus à l’aise dans des postures d’enseignant ou de formateur.
Le mot « coaching » ne plaît pas non plus à tout le monde, souvent à cause du fait qu’il est emprunté à l’anglais. Alors voici de quoi vous réconcilier si cela vous concerne : ce mot vient en fait du mot français « cocher » qui est celui qui guidait les carrosses sur les chemins…
C’est parfois aussi un mot qui fait peur : « Ouh la ! On va me pousser à faire un tas de choses », sous-entendu « que je n’ai pas envie de faire ! » Ben non, en coaching c’est le contraire, car c’est la personne qui construit tout, dont ses propres plans d’action, en fonction des résultats qu’elle souhaite atteindre elle, et dont elle porte l’entière responsabilité.
Cette peur vient-elle de l’utilisation de ce mot, évoquée plus haut, où une injonction devient un coaching ? Ou bien de l’image que l’on a du coach sportif, avérée ou pas, où celui-ci propose un plan de travail strict, auquel il ne s’agit pas de déroger ?
A moins que cela ne vienne de la manière de faire de certains coachs :
Cliente :- « J’ai commencé une formation de coaching et on me dit de « vérouiller le coaching ». Qu’en pensez-vous ?
Moi : – Oui, le mot est étonnant en effet pour un coaching. De quoi s’agit-il ?
Cliente : – Il s’agit de demander aux personnes de m’envoyer un message en tant que coach, quand ils ont fait le plan d’action qu’ils ont établi en fin de séance, pour les inciter à agir et vérifier leur passage à l’action
Moi : – Ah ah, intéressant, et qu’est-ce qui vous dérange ici ?
Cliente : – Eh bien, cela ne me semble pas forcément correspondre à la notion de « responsabilisation » chère au coaching.
Moi : – En effet, je vous rejoins sur ce questionnement. Que pouvez-vous proposer à la place, pour à la fois impliquer et responsabiliser ?
On peut effectivement s’interroger ici et c’est important de le faire justement. Il ne s’agit pas de juger, mais d’ajuster. Voilà en tous cas une apprentie coach qui sait garder son libre arbitre et qui est sensible à la cohérence ; ça tombe bien, c’est une qualité indispensable pour faire ce métier !
J’attire votre attention sur la vigilance à avoir également en tant que client dans votre choix d’un coach, si vous voulez avancer au mieux vers votre objectif.
Le coaching est un métier émergent (enfin Socrate était déjà un coach avec sa fameuse maïeutique, l’art d’accoucher les âmes…). Son appellation n’est donc pas encore règlementée (elle le deviendra) et il est encore très facile de s’autoproclamer coach, sans formation ou très peu, du moment qu’on oeuvre dans l’accompagnement des personnes. Un exemple extrême rapporté est celui de ce manager dans une grande entreprise qui se disait coach car il avait lu un livre sur le coaching !
Sur le marché du coaching, on trouve aussi des anciens « thérapeutes » reconvertis. Ils n’ont plus le droit de s’appeler thérapeutes, à moins de répondre à des critères professionnels rigoureux et précis. Certains préfèrent alors se faire appeler coachs, sans avoir vraiment changé leur posture.
Bien sûr il est tout à fait possible d’être à la fois thérapeute et coach. J’en connais certains qui font de l’excellent travail. Ils me disent toutefois qu’ils sont tout le temps en train de jongler avec le mélange des casquettes. Pour proposer un travail sérieux, généralement ils ne prennent pas les mêmes personnes en coaching et en thérapie et adaptent leur posture.
« J’ai du mal à faire la différence entre coaching et thérapie », me dit récemment une femme croisée lors du Festival pour l’école de la vie, alors qu’elle-même affirmait bien connaître le coaching, puisqu’elle disait en faire et se faire coacher.
Intriguée, je lui pose quelques questions. Il s’est avéré qu’elle était suivie depuis plusieurs années par une thérapeute qui était aussi coach. Elle était très contente de son travail. Quand je lui ai demandé : « quand est-ce que votre travail de coaching prend fin ? », elle a été étonnée. Elle m’a avoué l’avoir approchée pour faire un travail de thérapie qui, sur la proposition de sa thérapeute, avait pris des allures de coaching.
Effectivement une thérapie, on sait quand cela commence, puisqu’on l’entame parce qu’on est dans un mal être, mais elle finit quand le patient se sent mieux et le décide. Donc ça peut prendre un certain temps. Elle s’intéresse au POURQUOI de ce mal être, dont elle va chercher les racines dans le passé du patient pour en améliorer le présent. Il s’agit de soigner.
Comme je l’ai déjà dit, un coaching est par contre une démarche balisée, inscrite dans le présent et pleinement orientée vers le futur, avec un début et une fin bien délimités par un contrat et un ou des objectifs accompagnés de critères de progression mesurables. On sait clairement vers quel changement on va et combien de temps l’accompagnement va durer. Il s’intéresse au COMMENT atteindre l’objectif visé. Il s’agit de permettre d’avancer.
Dans cet exemple, la personne n’avait pas défini d’objectif, donc trouvait bien sûr encore et encore matière à avancer… mais vers quoi et jusqu’à quand ? Ce n’était pas dit.
Pas étonnant que tout cela ait été très flou pour cette femme, puisque ce qu’on lui proposait était très flou… Etait-ce voulu ? Qu’en est-il du risque de dépendance ? Où est l’éthique dans tout ça ?…
A l’issue de notre conversation, elle a décidé d’entamer une formation de coach reconnue.
Ainsi, sous la dénomination de coach, on trouve de vrais professionnels, incarnant un vrai métier ayant une éthique, des enjeux et un cadre bien délimité, mais aussi des personnes, plus ou moins sérieuses, plus ou moins compétentes, positionnées simplement dans une démarche commerciale, à l’affût des opportunités du moment…
On peut ajouter que chez les vrais professionnels, le coaching est inscrit dans leur histoire. C’est une vocation profonde, au même titre que la vocation d’enseignant, d’avocat, etc, et à mon sens très proche de la vocation de sage-femme. 🙂
Il m’est arrivé donc plusieurs fois d’accompagner des personnes qui voulaient être coach. Si j’ai pu amener certains à valider ce choix, d’autres se sont rendu compte que leur coeur battait pour une autre mission en fait, souvent une autre manière d’accompagner les gens plus en phase avec leur personnalité.
Un exemple inattendu m’a été donné par cette jeune femme, déjà évoquée dans un précédent article, qui avait mis de côté sa voix (et sa voie !), alors qu’enfant elle écrivait déjà des chansons inspirantes et émouvait ses auditeurs par son timbre particulier. C’est avec celle-ci qu’elle avait besoin de renouer pour accompagner les autres, comme elle s’y destinait !
Car parmi toutes les personnes qui s’intéressent au coaching, toutes ne souhaitent pas devenir coach !…
On peut avoir envie d’utiliser certains outils, suivre une formation courte, sans pour autant vouloir être spécialiste du processus d’accompagnement, comme le sont les coachs professionnels. Ces personnes qui « font du coaching » ont ainsi un autre coeur de métier.
En effet pourquoi ne pas utiliser des éléments de posture de coach quand on travaille au quotidien au contact des personnes et qu’on souhaite leur proposer plus d’espace et d’autonomie d’action ? Mais oui bien sûr, à l’instar de nombreux de mes clients, enseignants, éducateurs, infirmières, directeurs de structure, ou encore managers en entreprise, qui s’inspirent de ce qu’ils vivent en coaching pour adapter leur posture auprès des personnes qu’ils accompagnent.
Enrichir ainsi leur métier leur permet souvent d’en apprécier d’autant plus les enjeux, d’être encore plus connectés à leur vocation première.
On peut donc tout à fait « faire du coaching » sans pour autant « être coach ».
Vous saisissez la nuance ?
C’est important de clarifier cela pour éviter les frustrations et les dérapages de posture évoqués, que l’on retrouve aussi quand on n’est tout simplement pas en phase avec sa posture naturelle et ce qui nous anime réellement.
Quels sont donc les critères à rechercher quand on veut faire appel à un coach ou quand on veut faire ce métier ? (Attention l’absence de ces critères ne veut pas dire que la personne ne fera pas du bon travail, mais il y a moins de garanties.)
Je rejoins ma fédération professionnelle ( ICF : International Coaching Federation) sur le fait qu’un coach professionnel inscrit dans une démarche de qualité valide les points suivants :
– il se forme et questionne sa pratique régulièrement
– il est membre d’une fédération professionnelle (Les principales : ICF: International Coaching Federation, SFC : la Sociéte Française de Coaching et EMCC : European Mentoring and Coaching Council )
– il adhère à un code de déontologie
– il a suivi une formation spécifique au coaching auprès d’une école reconnue
– il propose un contrat clair
– il se fait superviser (coacher) par rapport à sa propre pratique
– il détient ou vise une certification reconnue et si possible indépendante (c’est à dire non issue de l’école qui l’a formé)
– Il a préférablement suivi une thérapie pour mettre sa propre histoire à distance. Ainsi il peut rester centré sur les objectifs de son client et pas sur ses propres enjeux.
Quand vous faites appel à un coach professionnel, vous bénéficiez ainsi de son art de manier certains outils, dont le questionnement et la mise en miroir, mais aussi de tout le chemin qu’il a lui même parcouru, pour mieux vous permettre de prendre de la distance et réfléchir autrement par rapport à vos enjeux, vous connecter à vos propres ressources et les utiliser, vivre des prises de conscience décisives et passer à l’action. C’est là que se situe la vraie valeur ajoutée de son travail !
Il permet ainsi à ses clients d’aller d’autant plus loin sur leur chemin qu’il se permet lui-même de progresser et qu’il est exigeant envers lui-même sur son cadre professionnel. Car être coach est avant tout lié à un savoir-être plutôt qu’à un savoir-faire, vous l’aurez compris.
Alors pour résumer :
Le thérapeute soigne
Le formateur explique
Le consultant propose
Le coach questionne
Si vous êtes accompagnant, avec quelle posture êtes-vous le plus à l’aise ?
Si justement vous n’êtes pas sûr, je ne peux que vous conseiller (ah zut je ne suis plus coach là ! 😉 ) de commencer par vous faire coacher à ce sujet.
Si vous envisagez de devenir coach, à plus forte raison. C’est la première chose que je propose à ceux qui me contactent à ce sujet. Pourquoi ? D’abord pour vivre le coaching et en évaluer vous-même les bénéfices pour vous et ensuite pour savoir ce que vos potentiels futurs clients vont vivre. Et encore pour préciser votre spécificité de coach. Enfin comme je l’ai déjà dit pour vérifier si c’est bien cette posture d’accompagnant que vous souhaitez adopter.
Trouver la bonne posture c’est se mettre en cohérence avec qui on est naturellement pour mieux se mettre au service des autres, dans un cadre qui sonne juste pour tout le monde.
Et c’est puissant !
Sylvie Filipski,
Coach professionnelle multilingue depuis 2012, certifiée ICF
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3 réactions au sujet de « Accompagner les autres, une histoire de posture. Lumière sur le coaching. »
Hello! Un énorme merci pour ce super article, cela va juste tellement m’aider! Alors merciiiiiiiiiiiiiiiiiii!
Bonjour, je tiens à vous remercier pour ce guide très enrichissant . Je trouve ce site complet et clair ,grâce à vous j’acquiers des connaissances et des armes pour mon futur blog que je prépare à créer. 🙂
Bonjour Constance,
Merci pour votre retour. Ravie que mon travail puisse vous être utile ! 🙂